Tous les experts du numérique sont unanimes pour dire que la blockchain est une technologie qui va révolutionner le monde dans un futur plus ou moins proche. Ils vont même jusqu’à dire que cette révolution est comparable à la révolution Internet amorcée à la fin du 20ème siècle. Si vous n’avez toujours pas compris l’enjeu de cette technologie, je vous invite à lire très attentivement cet article jusqu’au bout.

Qu’est-ce qu’une blockchain ?

La blockchain (chaîne de blocs en français) est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle. Ce grand registre numérique est composé de blocs contenant l’historique de toutes les transactions passées.

Pour sécuriser le système, des individus partout dans le monde, appelés « mineurs », se chargent de vérifier la conformité des informations en connectant leurs ordinateurs sur le réseau. À l’aide de formules mathématiques, ils valident et répertorient dans chaque bloc toutes les transactions effectuées. Une fois un bloc achevé, il ne peut subir aucune modification ; à moins que les mineurs arrivent à un consensus.

Ainsi la blockchain permet d’enfermer à jamais une donnée dans un réseau public tout en garantissant sa sécurité. Personne ne pourra modifier ou supprimer cette donnée sans que l’ensemble du réseau ne soit alerté. La blockchain permet donc de placer sa confiance non pas dans un intermédiaire classique, mais dans un réseau d’ordinateurs connectés les uns aux autres.

Comment fonctionne une blockchain ?

  1. Une personne X effectue une transaction vers une personne Y ;
  2. La transaction va être inscrite dans un bloc ;
  3. Le bloc est validé par les nœuds du réseau au moyen de techniques cryptographiques ;
  4. Le bloc est daté et ajouté à la chaîne de blocs à laquelle tous les utilisateurs ont accès ;
  5. La personne Y reçoit la transaction.

L’intégralité et l’ordre chronologique de la blockchain sont encodés via la cryptographie et ne peuvent être falsifiés.

Cryptographie

Le mot cryptographie est un terme générique désignant l’ensemble des techniques permettant de chiffrer des messages. Cela permet de les rendre inintelligibles sans une action spécifique. Le verbe crypter est parfois utilisé mais on lui préférera le verbe chiffrer.

La cryptographie est traditionnellement utilisée pour dissimuler des messages aux yeux de certains utilisateurs. Cette utilisation a aujourd’hui un intérêt d’autant plus grand que les communications via Internet circulent dans des infrastructures dont on ne peut garantir la fiabilité et la confidentialité. Désormais, la cryptographie sert non seulement à préserver la confidentialité des données mais aussi à garantir leur intégrité et leur authenticité.

La blockchain, via la cryptographie, sert avant tout de système de preuve. En général, on y inscrit uniquement la preuve qu’un document a été signé par deux parties. Il est rare d’y stocker des documents ou des données personnelles.

Peut-on pirater une blockchain ?

En théorie, un pirate informatique avec assez de puissance de calcul (plus de 50 % de la puissance totale du réseau) pourrait dépenser ses pièces de monnaie numérique plus d’une fois (système de la double dépense). Il pourrait également bloquer les confirmations des autres transactions ou encore revenir sur ses propres transactions. En gros, le pirate pourrait façonner à son gré le présent et réécrire le passé historique de la blockchain.

Ce même pirate pourrait aussi décider de bloquer des mineurs. En effet, il aurait sans problème la possibilité d’interdire l’accès de certains marchands au système ou encore de restreindre le minage uniquement aux adresses IP de ses ordinateurs. Cela lui permettrait de s’approprier ainsi les profits du minage.

En pratique, les chances de succès sont très minces. Pourquoi ? Parce que les gains potentiels sont faibles par rapport aux dépenses que nécessitent une telle attaque. Il faudrait que le pirate informatique prenne le contrôle de dizaines de milliers d’ordinateurs simultanément à travers des emplacements géographiques différents.

Ce qui certain, c’est que la blockchain est beaucoup plus difficile à pirater que les simples fonctions algorithmiques de votre « home banking » (connexion à votre banque via Internet).

Quel est le rôle d’une blockchain ?

Le rôle de la blockchain est de supprimer les intermédiaires lors d’une transaction, de façon transparente et en toute sécurité. Cette technologie permet donc d’établir un lien de confiance entre un acheteur et un vendeur sans intermédiaire.

Ses trois fonctions principales sont :

  1. D’échanger en peer to peer (désintermédiation) ;
  2. D’enregistrer une transaction (traçabilité) ;
  3. De garantir une transaction sans autorité centrale (consensus distribué).

Hier, l’Internet promettait de supprimer la distance entre les individus en permettant l’envoi d’informations instantanément partout dans le monde. Aujourd’hui, la blockchain permet de supprimer les intermédiaires entre deux individus en permettant l’envoi de valeurs instantanément dans le monde entier.

D’où vient la blockchain ?

Pour comprendre d’où vient cette technologie il faut se remettre dans le contexte. Fin de l’année 2008, une crise financière frappe de plein fouet les États-Unis et se propage partout dans le monde. Dans la foulée une crise de confiance dans le système monétaire, dans les États et dans les monnaies voit le jour au sein de la population. C’est à ce moment-là précisément que se formalise l’idée de créer la première monnaie numérique ou plus communément appelée crypto-monnaie.

► Accès direct à mon article intitulé « Crypto-monnaie » en cliquant ici.

Le 31 octobre 2008, Satoshi Nakamoto annonce officiellement la naissance de Bitcoin en tant que première monnaie digitale. Le 9 novembre 2008, le mot blockchain fait son apparition pour la première fois. La technologie blockchain est donc née de la création de cette première crypto-monnaie.

Dans quel secteur va-t-elle s’appliquer ?

La technologie blockchain va révolutionner beaucoup plus que le seul secteur financier : elle va changer nos vies. Elle peut créer un monde dans lequel les contrats sont incorporés dans le code numérique et stockés dans des bases de données transparentes et partagées. Ces bases de données sont protégées contre la suppression, la manipulation, le piratage et la révision.

Les titres de propriété des véhicules, des billets, des diamants, de l’or, etc. peuvent être enregistrés et tracés en utilisant la technologie blockchain. Il est également possible de faire cela avec le contenu de nos bibliothèques de musique et de films (bien que les droits d’auteur peuvent nous en empêcher).

C’est seulement à partir de l’année 2014, qu’on a commencé à prendre du recul sur cette technologie en essayant de l’appliquer à autre chose qu’à la crypto-monnaie. Voici une liste non exhaustive de secteurs où la blockchain peut être appliquée.

Secteur boursier

La blockchain peut être utilisée pour enregistrer, acheter ou vendre la propriété d’un actif. Cela a d’énormes répercussions sur la façon dont les actions, les obligations et les contrats à terme, en fait tous les actifs financiers, sont enregistrés et négociés.

Secteur de l’immobilier

Les terres et la propriété foncière peuvent également être enregistrées et négociées sur une blockchain. On l’utilise déjà au Ghana pour établir des cadastres. L’extension de la technologie au reste de l’Afrique et à l’ensemble des pays pauvres n’est qu’une question de temps.

L’absence de titres de propriété est clairement l’un des facteurs qui maintient les habitants du tiers-monde dans la pauvreté. Qui est propriétaire de quoi ? Cela doit être clair, reconnu et protégé sinon il n’y a pas d’investissement et le développement est limité. En revanche si un titre de propriété est clairement défini alors son détenteur peut le négocier, l’échanger et prospérer.

Smart contract

Grâce à la blockchain, l’historique de chaque propriété est accessible à tous et ne peut être altéré. Cette technologie permet également de diminuer la durée des travaux de vérification et d’expertise, souvent longs et coûteux. Enfin, le processus de transaction immobilière est plus rapide et ce notamment grâce à l’utilisation d’un « smart contract » pour automatiser la transaction. En d’autres termes, le contrat d’acte de vente est codé sur la blockchain et le paiement par l’acheteur déclenche automatiquement la remise de l’attestation de vente. La preuve de vente est horodatée, immuable et ne peut être contestée.

La combinaison de ces différents avantages induit une réduction globale des coûts liés aux transactions. Actuellement les registres de propriété sont décentralisés et la fiabilité des enregistrements sur papier est faible (30 % sont défectueux). Ces charges induisent des coûts de transaction élevés qui se situent entre 0,4 et 0,6 % du prix du bien immobilier.

Autres avantages

Les avantages de la blockchain ne se limitent toutefois pas aux transactions immobilières. Les bâtiments, au sens large, regorgent d’informations (construction, entretien, consommation, données environnementales et météorologiques, etc.) ayant des origines diverses (capteurs, prestataires, occupants, etc.) et sont à la discrétion de leur propriétaire.

De façon générale, tracer les contributions et les interactions de chaque partie prenante au sein d’un bâtiment permettrait non seulement des économies intéressantes sur la maintenance et les litiges mais également la création de nouveaux services à partir de ces données.

Certes le métier de notaire ou d’agent immobilier ne disparaîtra pas mais ce secteur d’activité va connaître de profondes transformations.

Secteur notarial

Le notaire est juriste de droit privé et officier public. Il est nommé par l’autorité publique et chargé d’instrumenter les actes juridiques civils pour lesquels la forme authentique est prescrite par la loi ou requise par les parties.

Outre sa mission légale d’authentification et de conservation des actes, l’intervention des notaires est beaucoup plus large. Il intervient dans l’ensemble du domaine juridique et fiscal. C’est un généraliste du droit ayant une vision globale des problèmes juridiques.

Les tâches les plus courantes de son activité sont les suivantes :

  • Contrat de mariage ;
  • Transaction immobilière ;
  • Donation ;
  • Succession ;
  • Testament.

La blockchain va fortement perturber ce secteur d’activité car le travail du notaire consiste principalement à garantir des transactions.

Secteur de l’assurance

Lorsqu’un voyageur est victime d’un accident à l’étranger, il est forcément transporté dans un hôpital local pour y être soigné ou rapatrié dans son pays d’origine. Grâce à la blockchain plus besoin de paperasse, priorité au patient. Les informations stockées sur le réseau permettront de l’identifier rapidement et de récupérer les informations sur sa couverture maladie. La blockchain rend également possible l’automatisation d’un certain nombre de remboursements.

Secteur de l’industrie musicale

Un artiste peut inscrire sa création dans la blockchain. En quelques secondes son œuvre est datée, protégée et attachée pour toujours à son identité virtuelle. Cela lui permet de gérer ses droits en temps réel et d’être rémunéré automatiquement dès lors que son oeuvre est consommée (écoutée ou téléchargée). Grâce à la technologie blockchain, l’auteur reprend le contrôle total de son oeuvre et perçoit l’intégralité des revenus générés par celle-ci.

Secteur des transferts de fonds

Ce secteur est actuellement dominé par des sociétés comme Western Union. Pour ceux qui travaillent à l’étranger et qui veulent envoyer de l’argent, les montants des commissions et autres frais de change peuvent souvent représenter jusqu’à 20% du montant transféré. Avec la crypto-monnaie et la technologie blockchain, ces coûts peuvent être supprimés.

Secteur de la télécommunication

Une des applications est la messagerie décentralisée. Tout comme il est possible d’envoyer de la valeur à quelqu’un sans intermédiaire en utilisant de la crypto-monnaie, de la même manière nous pouvons envoyer des messages sans que nos fournisseurs télécoms (Gmail, iMessage, WhatsApp, etc.) aient accès à ce que nous écrivons.

La même chose vaut pour les réseaux sociaux. Ce que nous disons restera entre nous et nos amis ; ni Twitter ni Facebook n’y auront accès. Les implications pour la vie privée sont énormes, ce qui relance le débat sur la surveillance gouvernementale en cours.

Secteur de l’authentification

La blockchain aura également un rôle à jouer pour notre authentification. À l’heure actuelle, nous utilisons un système de noms d’utilisateur et des mots de passe pour prouver son identité en ligne. C’est un système bancal et vulnérable à la fraude ; nous n’allons pas utiliser cela encore bien longtemps.

Une entreprise envisage même un système de technologie blockchain pour remplacer nos actuels systèmes de verrouillage pour la voiture et la maison. Une fois à l’intérieur de notre domicile, la technologie blockchain s’appuie sur l’Internet des objets, en reliant notre réseau domestique vers le cloud et les appareils électroniques à proximité de chez nous.

L’Internet des objets peut se définir comme un réseau de réseaux qui permet, via des systèmes d’identification électronique normalisés et unifiés et des dispositifs mobiles sans fil, d’identifier directement et sans ambiguïté des entités numériques et des objets physiques. Ainsi les données se rattachant aux mondes physique et virtuel peuvent être récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité.

Secteur des données personnelles

La blockchain va permettre d’enregistrer nos données personnelles (notes obtenues à l’école, diplômes universitaires, expériences professionnelles, compétences et qualifications, CV, etc.) afin d’éviter toutes transmissions frauduleuses de nos informations.

Il existe également une utilisation évidente de cela pour les dossiers médicaux mais aussi pour les casiers judiciaires (pas seulement pour les individus mais également pour les entreprises).

Secteur de la justice et du droit

Actuellement nous ne sommes pas tous égaux en matière de défense juridique. La possibilité d’être défendus par les meilleurs avocats dépend de notre capacité à les payer ! Grâce aux contrats intelligents et à la technologie blockchain, ces inégalités vont être réduites. Ces contrats intelligents auront le potentiel de perturber fortement les professions juridiques.

Secteur politique

Nous observons également le développement de nouvelles applications pour voter. Les implications sont énormes. Nous allons bientôt être en mesure de voter à partir de notre téléphone mobile. Cela est censé améliorer la sûreté des systèmes actuels, le tout pour un coût minime et sans fraude.

De plus, nous serons en mesure de vérifier notre vote. Ainsi nous pourrons nous assurer qu’il a bien été comptabilisé tout en préservant notre anonymat. Une fois ce système mis en place, même un gouvernement corrompu serait incapable de le manipuler.

La blockchain permettra une démocratie plus directe et une diminution des coûts tout en éliminant au maximum la fraude.

Secteur de l’automobile

Parmi les disruptions en cours, la blockchain devrait impacter fortement l’industrie automobile (transport et leasing). Elle va permettre l’irruption de nouveaux business models (modèle d’affaires) concernant l’authentification des acheteurs et des vendeurs, la certification (pièces détachées, véhicules de collection), la sécurité des véhicules connectés, etc.

Son utilisation offre quatre avantages majeurs :

  1. Un renouvellement de la gestion logistique ;
  2. Une meilleure authentification des acteurs ;
  3. Un outil pour lutter contre les fraudes ;
  4. Un suivi renforcé du cycle de vie des véhicules.

Au moment où j’écris cet article, on constate plus de 20% de fraude sur le kilométrage des voitures d’occasion. Concernant le carnet d’entretien, rien ne garantit non plus l’exactitude de son historique. En mettant toutes ces informations dans une blockchain nous aurons la certitude de la véracité de ces données.

Le constructeur japonais Toyota s’est associé au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et d’autres partenaires afin d’exploiter la technologie blockchain dans le but de sécuriser le partage des données produites par les voitures autonomes. Pour Toyota, l’avenir de la voiture autonome et électrique passera par la blockchain.

Quelles seront les conséquences de la blockchain sur l’économie ?

La technologie blockchain a le potentiel de transformer tous les métiers. Elle va entre autres permettre de se substituer partiellement au travail des banquiers, des avocats, des notaires, des comptables, des agents immobiliers, des administrateurs, des registraires (Canada) avec des normes beaucoup plus exigeantes et pour un prix nettement plus faible. De plus, même s’il est certain qu’elle ne va pas supprimer tous les intermédiaires, elle va rendre caducs ceux dont le service rendu n’aura pas une valeur ajoutée suffisante. Tout cela aura donc d’énormes implications sur la façon dont nous faisons du business.

Toutefois, même si elle va clairement redéfinir le rôle des intermédiaires, elle va assurément en créer de nouveaux. Autrement dit, ces futurs métiers, qui viendront se greffer sur les applications blockchain, seront les nouveaux tiers de confiance. Par conséquent, la blockchain n’est pas une technologie disruptive en elle-même. C’est une technologie protocolaire qui pose les fondations pour l’émergence de futurs services disruptifs.

En somme, la blockchain va fortement perturber de nombreux secteurs d’activés, transformant et détruisant de facto de nombreux emplois dans un futur proche. C’est pour cela que je vous conseille d’analyser en profondeur le secteur professionnel dans lequel vous voulez vous orienter avant de vous engager financièrement dans des études supérieures longues et coûteuses. Car à priori, tous les métiers, qui aujourd’hui ne servent qu’à garantir les transactions, sont clairement destinés à disparaître.

Qu’en pensent les experts ?

Tous les experts du numérique sont unanimes, cette nouvelle façon d’échanger entre nous est comparable à la révolution Internet amorcée au début des années 1990. Vous vous souvenez de la première fois où vous avez entendu le mot Internet ? Et bien vous vous souviendrez de la première fois où vous avez entendu le mot blockchain.

Peu de gens l’ont vu venir, mais cette nouvelle technologie est sur le point de changer la façon dont nous interagissons en ligne. La blockchain, à l’origine conçue pour contrôler et garantir les transactions en monnaie digitale, pourrait se révéler être la nouvelle révolution numérique.

Cependant, il faut rester pragmatique. À la base, Internet devait être un espace de liberté et d’accès à l’information. Au final, Internet est devenu un outil de surveillance et de contrôle. De la même façon, certaines personnes risquent d’adopter la technologie blockchain différemment de ses idéaux d’origine.

Conclusion

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Quentinator


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