Lorsqu’on entend certains journalistes ou certains politiciens parler du permis de conduire, la phrase qui revient le plus souvent est : « Le permis de conduire coûte cher ! » En apparence ce n’est pas faux mais vous comprendrez réellement pourquoi en lisant très attentivement cet article jusqu’au bout.

« Le permis c’est une honte en France. C’est tenu par une mafia. Il faut le dire très clairement. […] Tout le monde le sait. »

Charles CONSIGNY – Écrivain, avocat et chroniqueur français

Qu’est-ce qu’une auto-école ?

Une auto-école, appelée également « école de conduite », est un centre de formation qui prépare les candidats au permis de conduire. Pour ce faire, l’établissement d’enseignement dispense une formation théorique (code de la route) et une formation pratique (conduite automobile). En France, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, ce secteur d’activité est en pleine mutation.

Quels sont les deux types d’auto-école ?

Il existe deux types d’auto-école : les auto-écoles traditionnelles et les auto-écoles en ligne. Ces deux modèles économiques sont totalement différents. Le premier communique essentiellement sur la qualité de sa formation. Le second communique lui principalement sur son faible coût. Ce secteur d’activité est donc en train de s’ubériser à l’instar de beaucoup d’autres.

Cette tentative d’ubérisation est encouragée, soutenue et voulue par nos dirigeants. Elle va s’accélérer de plus en plus et prendra fin le jour où les voitures autonomes seront généralisées. À ce moment-là, les gens n’auront plus vraiment besoin d’apprendre à conduire. J’estime que cela devrait commencer à partir de 2030.

En attendant, il est important d’informer le public. Je vois circuler beaucoup trop d’informations erronées dans les grands médias pour ne pas intervenir. Étant enseignant de la conduite depuis 2006, je souhaite remettre les pendules à l’heure et informer un maximum de gens afin de les aider à bien choisir leur auto-école.

Quels types d’auto-école choisir ?

Il est important de bien choisir son type auto-école. Un mauvais choix peut vous coûter cher en temps et en argent. Actuellement les grands médias défendent les auto-écoles en ligne alors que les syndicats défendent les auto-écoles traditionnelles. Afin de vous aider à faire le bon choix, je vais vous donner mon avis sur la totalité de la formation au permis de conduire.

Formation théorique

Avant la privatisation de l’examen du code de la route, sa difficulté d’obtention donnait un avantage sérieux aux auto-écoles traditionnelles. Aujourd’hui ce n’est plus le cas car le niveau de cet examen a considérablement chuté. Paradoxalement, le taux de réussite est resté le même (autour de 70%). Je pense que cela est dû au fait que les élèves peuvent désormais s’inscrire à l’examen théorique sans avoir besoin de demander l’avis de leur auto-école. De facto, un nombre plus important d’élèves se présentent à l’examen du code de la route en n’étant tout simplement pas prêts.

Quoi qu’il en soit, je suis convaincu que le niveau de cet examen a fortement baissé car je le constate avec les résultats de mes élèves. De plus, ces derniers me confirment que les tests effectués via l’auto-école sont beaucoup plus durs que le test de l’examen. Certains élèves ont même cru à une blague tellement ils l’ont trouvé facile ! Cela n’était pas le cas avant la privatisation. À l’époque, ils trouvaient l’examen théorique plus facile que les tests de l’auto-école mais pas à ce point-là.

Mes recommandations

Ce constat étant fait, je vous propose les recommandations suivantes. Le choix du type d’auto-école pour vous préparer à l’examen théorique va dépendre essentiellement de vos capacités cognitives. En d’autres termes, si vous n’avez aucun problème de raisonnement, de mémoire ou d’apprentissage alors vous ne prenez aucun risque à travailler votre code de la route uniquement sur Internet. Cette formation en ligne peut se faire via une auto-école traditionnelle qui propose ce service ou via une auto-école en ligne.

En revanche, si vous ne parlez pas très bien français ou si vous avez des problèmes cognitifs alors je vous conseille d’étudier votre code de la route en salle via une auto-école traditionnelle. Cela vous permettra d’assimiler le contenu de cette formation beaucoup plus rapidement. De plus, rien ne vous empêche de suivre des cours de code en ligne en parallèle.

Formation pratique

Vous avez deux possibilités pour vous former à la conduite automobile :

  • Soit vous passez par une auto-école traditionnelle ou en ligne ; ce que je vous recommande ;
  • Soit vous décidez de vous former seuls en louant une voiture double commande ; ce que je vous déconseille fortement car c’est très clairement une perte de temps et d’argent.

Dans le deuxième cas vous êtes alors considérés comme faisant partie des candidats libres. En d’autres termes, vous faites partie des candidats se présentant à l’examen pratique sans être inscrits dans une auto-école. Cette définition est surprenante dans la mesure où l’immense majorité de ces candidats sont bel et bien inscrits dans une école de conduite. La plupart d’entre eux sont inscrits dans une auto-école en ligne et dans certains cas (plus rares) dans des auto-écoles traditionnelles manquant de places d’examen.

Ceci étant dit, la seule et véritable question à se poser est la suivante : « Est-il préférable de se former à la conduite automobile via une auto-école traditionnelle ou via une auto-école en ligne ? » Pour répondre à cette question, je vais me baser sur les chiffres de la sécurité routière.

Bilan de la sécurité routière

Le bilan de la sécurité routière nous indique qu’au total, 10 013 candidats libres ont été examinés en examens pratiques en 2017, contre 4 023 en 2016. Cela représente respectivement 0,51% des 1,5 millions d’examens et 0,62% des candidats examinés. Ce phénomène est concentré sur les grandes agglomérations où opèrent les auto-écoles en ligne.

Sur les 10 013 examens, le taux de réussite a été de 42,09%, soit 15 points en dessous de la moyenne nationale qui est de 57%. Pire encore, le taux de réussite de 42,09% attribué aux candidats libres n’est pas celui des candidats présentés par les auto-écoles en ligne. Ce taux est gonflé par les candidats formés et présentés par les auto-écoles traditionnelles.

En effet, face à la pénurie de places, certaines auto-écoles traditionnelles n’ont pas d’autre choix que de présenter certains élèves en candidats libres. D’après le bilan de la sécurité routière, on estime à environ 20% la proportion de candidats libres inscrits et présentés par des auto-écoles traditionnelles. Leur taux de réussite est équivalent au taux de réussite au niveau national.

En considérant donc que ces élèves ont eu une formation de qualité équivalente au reste des élèves formés en auto-écoles traditionnelles, ces « faux candidats libres » viennent gonfler artificiellement les taux de réussite des candidats libres. On estime alors que le taux de réussite des élèves formés par les auto-écoles en ligne et présentés en candidats libre se situe probablement aux alentours de 30 à 35% maximum. Pourtant ces taux sont très éloignés des taux de réussite communiqués par les auto-écoles en ligne.

Par conséquent, le choix du type d’auto-école pour vous préparer à l’examen pratique semble évident. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je vous conseille donc et sans hésiter de vous inscrire dans une auto-école traditionnelle.

Comment bien choisir son auto-école ?

Une fois que vous avez choisi votre type d’auto-école, il faut ensuite trouver celle qui vous convient le mieux. Si vous faites le choix d’aller dans une auto-école en ligne alors ce choix sera restreint car il en existe peu. Par contre, si vous faites le choix d’aller dans une auto-école traditionnelle alors là vous aurez l’embarras du choix.

Pour bien choisir votre auto-école, je vous conseille de regarder les cinq points suivants (non classés par ordre d’importance) :

  • Localisation ;
  • Type de véhicule ;
  • Coût de la formation ;
  • Témoignages clients ;
  • Taux de réussite.

Localisation

Personnellement je vous conseille de choisir une auto-école qui n’est pas trop loin de votre centre d’examen. Cela est plus facile pour préparer l’examen pratique. Néanmoins, si vous n’avez pas le choix ce n’est pas très grave car la localisation est loin d’être le point le plus important.

Type de véhicule

À mon avis il serait plus judicieux d’apprendre à conduire sur une voiture à boîte de vitesses manuelle. Il y a trois raisons à cela. Premièrement parce que les voitures à boîte de vitesses automatiques sont plus chères à l’achat et consomment plus lorsque le véhicule est lancé (autoroute entre autres). Deuxièmement parce que les voitures à boîte de vitesses manuelle composent l’essentiel du parc automobile français. Et troisièmement parce que vous connaissez le proverbe : « Qui peut le plus, peut le moins ! »

Toutefois, si vous éprouvez des difficultés à progresser en boîte manuelle, n’hésitez pas à faire quelques leçons de conduite en boîte automatique. Dans ce cas par contre, contrairement à la formation en boîte manuelle, votre choix d’auto-école sera alors beaucoup plus restreint.

Coût de la formation

Le coût global de la formation est sûrement le point le plus important aux yeux de la plupart des consommateurs ; parfois même au détriment de la qualité de celle-ci. Pourtant croyez-moi, il vaut mieux payer un peu plus cher son permis de conduire et avoir plus de chance de l’avoir que l’inverse. Donc si j’ai bien un conseil à vous donner, c’est de ne jamais choisir une auto-école uniquement parce que le prix annoncé initialement est le moins cher. Cela cache toujours quelque chose.

« Permis pas cher »

Les spécialistes du « permis pas cher » sont bien entendu les auto-écoles en ligne. D’après leurs dires, elles sont capables de « diviser par dix » le coût de la formation théorique (soit une économie de 90%) et de « diviser par deux » le coût de la formation pratique (soit une économie de 50%). Ceci est totalement faux ! En réalité, vous allez économiser seulement 14% sur la totalité de votre formation.

Pour preuve, la députée Françoise Dumas (Gard), en charge de la mission parlementaire qui travaille actuellement sur le thème du permis de conduire, a déclaré à BFM TV en septembre 2018 : « Passer le permis coûte en moyenne 1 844 euros dans une auto-école classique, 1 581 euros dans une auto-école en ligne. »

Par contre, un élève qui choisirait de passer par une auto-école en ligne aura 25 à 40% moins de chance d’obtenir son permis. La communication et le marketing sont une chose mais la réalité des chiffres est souvent plus cruelle. Au final, le rapport qualité-prix n’est plus aussi attractif qu’en apparence.

En résumé, ne choisissez jamais une auto-école parce que c’est la moins chère. Le prix ne doit pas être le critère principal de votre choix. Sinon croyez-moi, vous aurez des surprises à l’arrivée. Le meilleur conseil que je puisse vous donner c’est de regarder en priorité les témoignages clients et non le coût de la formation.

Témoignages clients

Le principal indicateur de la qualité d’une auto-école est sans aucun doute les témoignages clients. Je vous conseille vraiment d’en tenir compte car il est très important de se renseigner sur la qualité du personnel (moniteurs, secrétaires, etc.) de l’auto-école avant de vous inscrire. Pour cela il vous suffit de discuter avec les gens qui ont côtoyé l’auto-école ou tout simplement de lire les témoignages clients qui sont disponibles sur Internet. Honnêtement, s’il y a un point à ne pas négliger c’est bien celui-là.

Taux de réussite

J’aimerais vous mettre en garde concernant le taux de réussite d’une auto-école. Sachez que ce taux n’est pas toujours un bon indicateur pour évaluer la qualité de celle-ci. L’auto-école peut très bien se situer dans une zone géographique où les conditions d’apprentissage ne sont pas optimales (zone à circulation dense, zone où les clients ont des lacunes linguistiques, etc.). Par conséquent, je réitère mon conseil précédent, privilégiez les témoignages clients.

Faut-il passer son permis de conduire en accéléré ?

Passer son permis de conduire en accéléré (environ 15 jours) n’est pas accessible à tout le monde. Beaucoup d’entre nous ont besoin de temps pour assimiler le contenu de la formation. Par conséquent, je ne vous le conseille pas.

Comment conduire malgré le handicap ?

La conduite automobile est une activité exigeante en matière de sécurité, pour soi et pour les autres. Elle requiert du conducteur qu’il soit juridiquement et physiquement apte. Pour autant, cette condition n’exclut pas les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap de la pratique de la conduite. Dans ce cas, deux situations se présentent à vous :

  • Vous êtes déjà titulaire du permis de conduire et vous souhaitez obtenir un nouveau permis de conduire afin que soit pris en compte votre situation de handicap ;
  • Vous souhaitez tout simplement apprendre à conduire en prenant en compte votre situation de handicap.

Dans le premier cas, vous n’avez pas à repasser l’examen théorique ni l’examen pratique. Un rendez-vous avec un agent du bureau de l’éducation routière de votre direction départementale de l’équipement permettra de s’assurer que votre véhicule comporte bien les aménagements nécessaires et que vous êtes en mesure de bien les utiliser.

Dans le deuxième cas, vous devez trouver une auto-école qui puisse vous former à la conduite d’un véhicule aménagé à votre situation de handicap. Un certain nombre d’auto-écoles disposent de véhicules adaptés à cet effet. De plus, un aménagement des épreuves théoriques et pratiques est prévu pour les personnes sourdes, malentendantes et à mobilité réduite afin de leur faciliter le passage de l’examen.

CEREMH

Si vous avez besoin d’aide pour effectuer les démarches nécessaires, vous pouvez contacter le Centre de Ressources et d’Innovation Mobilité Handicap (CEREMH). Sa mission est de favoriser la mobilité pour tous, à tous les âges de la vie. Le CEREMH pourra vous informer sur les démarches administratives à effectuer et les possibilités d’aménagement de votre véhicule. Il propose également des formations d’apprentissage à la conduite.

Quels sont les handicaps susceptibles d’entraîner une inaptitude à la conduite ?

Handicap physique

Le handicap physique est un handicap susceptible d’entraîner une inaptitude à la conduite. Cependant, il autorise dans de nombreux cas des aménagements de véhicule pour pouvoir continuer à conduire.

Handicap visuel

En France, l’acuité visuelle binoculaire minimum requise pour conduire un véhicule de la catégorie B est de 5/10ème. Par contre, si l’acuité visuelle d’un œil est inférieure à 1/10ème, voire nulle, l’autre œil doit avoir une acuité visuelle d’au moins 5/10ème. Une visite de contrôle chez un ophtalmologue permettra d’évaluer votre acuité visuelle.

Handicap auditif

Sauf avis contraire, il n’y a pas d’incompatibilité entre déficience auditive et pratique de la conduite. Des épreuves aménagées sont prévues pour les candidats sourds ou malentendants.

Handicap mental ou cognitif

Le handicap mental ou cognitif est un handicap susceptible d’entraîner une inaptitude à la conduite. Un avis médical doit déterminer si la personne est apte à conduire.

Comment savoir si vous êtes apte à la conduite ?

Selon l’arrêté du 21 décembre 2005, tout conducteur a la responsabilité de s’assurer de son aptitude à conduire. C’est donc vous qui devez effectuer les démarches nécessaires à l’obtention de votre autorisation de conduire. Si vous souffrez d’une affection (maladie ou trouble organique) qui peut influer sur votre capacité à conduire, vous devez prendre rendez-vous avec la commission médicale de la préfecture de votre département. Constituée de deux médecins, elle a pour vocation de prononcer votre aptitude à la conduite ainsi que les aménagements nécessaires au véhicule.

Ces démarches sont obligatoires pour :

  • Les personnes présentant une affection médicale ou une incapacité physique et souhaitant passer leur permis de conduire ;
  • Les personnes déjà titulaires du permis et confrontées à une diminution de leur mobilité au cours de leur vie (événement médical majeur, pathologie évolutive, etc.), souhaitant continuer à conduire. Elles doivent procéder à une régularisation du permis pour apprendre à conduire avec les dispositifs d’aide à la conduite.

Attention : en cas de conduite sans autorisation, la responsabilité civile et pénale du conducteur peut être mise en cause après un accident. Son contrat d’assurance peut être invalidé. De plus, si le candidat recouvre certaines capacités, il doit également obtenir une régularisation de sa situation pour la suppression de ces aménagements. C’est également le cas si le handicap n’est pas stabilisé. Dans ce cas, le conducteur aura l’obligation de se présenter à nouveau devant les médecins de la commission médicale départementale à l’expiration de la validité de son permis de conduire qui aura été délivré pour une durée limitée.

Pourquoi le permis de conduire est-il si cher ?

Depuis quelques années, la formation au permis de conduire est réputée pour coûter cher voire très cher. Cette appréciation diffère légèrement en fonction du nombre d’heures de conduite que l’élève aura pris au terme de sa formation. On s’imagine alors que les auto-écoles roulent sur l’or. Ceci est totalement faux ! En général, le taux horaire d’un moniteur d’auto-école est à peine supérieur à celui du SMIC. Ce constat est sensiblement le même pour un gérant d’auto-école car ce type d’activité n’est pas du tout lucratif. En effet, il y a énormément de charges (location et entretien des voitures, location du centre de formation, carburant, charges sociales, TVA élevée, etc.).

« […] En plus l’auto-école est un des business les moins rentables. »

GRAND ANGLE – Chaîne YouTube pour comprendre l’économie

En réalité, si vous avez le sentiment que le permis coûte cher c’est en grande partie parce que l’État vous matraque fiscalement. Aujourd’hui clairement, après avoir payé toutes les dépenses obligatoires de la vie courante (eau, carburant, électricité, gaz, loyer, frais bancaires, assurances, impôts, taxes, etc.), que nous reste-t-il pour vivre décemment ? Néanmoins, je ne regrette pas d’avoir vécu ce matraquage fiscal (en tant que particulier et surtout en tant que professionnel) car cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur ma condition d’esclave.

► Accès direct à mon article intitulé « Esclavage moderne » en cliquant ici.

En somme, avec l’ubérisation qui est en marche, le permis devrait coûter de moins en moins cher mais devrait perdre de plus en plus en qualité. On l’a vu avec l’examen du code de la route. Est-ce une bonne nouvelle ? Je ne le pense pas. Maintenant le choix vous appartient. Vous avez désormais toutes les cartes en main pour choisir convenablement votre auto-école ou pour conseiller au mieux votre entourage.

Conclusion

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Quentinator


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